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Brochure de présentation : Brochure Codex Borbonicus

 

« Le Codex Borbonicus »

Sylvie Peperstraete et José Contel – Citadelles & Mazenod, 2021

 

Peu de manuscrits précolombiens ont survécu à la conquête espagnole. Parmi les quelques codex de tradition aztèque retrouvés, le Codex Borbonicus compte parmi les plus précieux. Trésor de la bibliothèque de l’Assemblée nationale, c’est un témoignage essentiel dans l’étude de la civilisation du Mexique ancien.

 

La première trace du codex date de 1778 ; il est mentionné dans le fonds de la bibliothèque du monastère de l’Escorial en Espagne. Il aurait été dérobé lors de la Guerre d’indépendance espagnole (1808-1814) ou au moment de l’expédition d’Espagne menée par Louis XVIII (1823), et réapparait en France en 1826 dans une vente publique. Acquis par le bibliothécaire de l’Assemblée nationale, le manuscrit prend alors le nom de Borbonicus, en référence au palais Bourbon où il sera désormais conservé. Le manuscrit était perçu à l’époque comme une curiosité exotique. Ce n’est qu’à partir de la fin du XIXe siècle que l’avancée des recherches sur les cultures préhispaniques a révélé son caractère exceptionnel.

 

Le codex est fait de papier d’amate, un assemblage de fibres battues provenant de l’écorce d’un arbre de la famille du Ficus. Il est enduit d’une fine couche de gypse servant de support au dessin et à la mise en couleur. Les figures ont été exécutées à l’aide de colorants d’origine précolombienne et ne comportent pas d’éléments d’origine européenne, à l’exception de quelques annotations en espagnol apportées postérieurement, à l’encre. Il présente deux parties de facture stylistique distincte. La première (planches 3 à 22) s’inscrit dans la pure tradition aztèque respectant les codes de représentation usuels ; la seconde (planches 23 à 38) présente un graphisme sensiblement différent, quatre teintes additionnelles sont employées et les couleurs de base utilisées (rouge, bleu, jaune, brun, noir) ont un rendu beaucoup plus saturé. Il semblerait que des artisans différents l’aient exécuté mais il s’agit bien d’un seul et même ensemble dont la composition a été conçue dans sa globalité.

 

Daté du début du XVIe siècle, le codex présente les trois grands cycles temporels du calendrier aztèque. À l’instar de toutes les populations mésoaméricaines, les Mexicas concevaient en effet le temps de façon cyclique et non linéaire. Le tonalpohualli, « le compte des jours-destins » comporte 260 jours (vingt périodes de treize jours) : chaque jour combine un nombre, un signe, une divinité du Jour et une divinité de la Nuit ainsi qu’un volatile. Ce calendrier était un outil de divination pour les prêtres à l’occasion des naissances et permettait de définir les dates auspicieuses pour les mariages, les voyages, l’organisation des travaux agricoles… Le deuxième cycle, le xiuhpohualli, correspond à une année de 360 jours divisée en dix-huit périodes de vingt jours, auxquelles s’ajoutaient cinq jours dits néfastes (nemontemi). Chaque vingtaine était l’équivalent d’un mois de notre calendrier et était consacrée à la célébration d’une ou plusieurs divinités par des rituels assortis d’offrandes, de sacrifices et de périodes de pénitence. Le dernier cycle, le xiuhmolpilli, correspond au siècle mexicain. À la fin de cette période de cinquante-deux ans avait lieu la cérémonie du Feu Nouveau qui marquait le commencement d’un nouveau cycle.

 

Si les chercheurs ont permis d’éclairer la lecture complexe de ce codex pictographique, il demeure aujourd’hui encore une part de mystère quant à sa datation : sa réalisation est-elle antérieure à l’arrivée des Espagnols ou se situerait-elle plutôt au début de l’époque coloniale ? Son origine géographique précise pose également question : provient-il de la capitale Tenochtitlan ou d’une des villes du sud du bassin de Mexico ?

 

Écrit par les plus grands spécialistes de la culture mésoaméricaine sous la direction de Sylvie Peperstraete et José Contel, le livre de commentaires illustré accompagnant le fac-similé offre les clés de compréhension de cet extraordinaire chef-d’œuvre, témoignage unique de la conception du monde et des pratiques rituelles de la civilisation aztèque.

 

Perperstraete, Sylvie et Contel, José (dir.). Le Codex Borbonicus. Paris : Citadelles et Mazenod, 2021

 

(source dossier de presse)