GSRL – Journée d’étude du programme
« Religions et sociétés en Asie : Recompositions, circulations,
sécularisations du religieux »
La régulation des religions en Chine à l’ère de la pensée Xi Jinping
JEUDI 12 MAI 2022, 13h45-17h45
Campus Condorcet, Bâtiment Recherche Nord, salle 5.001
13h45 : Accueil
14h : Ouverture, Vincent Goossaert (EPHE-GSRL)
14h15 : La « sinisation » des religions en Chine : contextes et conséquences, JI Zhe (Inalco)
La politique de « sinisation des religions » lancée par le Parti communiste en 2015 marque un tournant dans l’approche du Parti en matière de gouvernance des affaires religieuses, ouvrant une nouvelle ère de contrôle strict de la religion. Cet exposé analysera d’abord cette « sinisation » dans le contexte de l’évolution de la politique religieuse du PCC au cours du siècle dernier ; il examinera ensuite le processus de construction et les implications politiques du discours officiel de la « sinisation » ; enfin, nous fournirons une brève description et évaluation des conséquences de la mise en œuvre de cette politique.
14h45 : Le PCC et les musulmans du Xinjiang : de la mise en place de dispositifs de contrôle à la sécuritisation de l’islam, Rémi Castets (Université de Bordeaux-Montaigne)
À la suite de son arrivée au pouvoir au Xinjiang, le PCC a essayé de gagner le contrôle des représentations des populations locales tout en éradiquant les forces antagonistes à son projet de modernisation et à son projet de construction nationale. Les tenants de l’islam politique et plus largement de vastes pans des sociétés turcophones musulmanes défendaient des valeurs et des ordres sociopolitiques qu’il s’agissait de délégitimer et de faire disparaître des esprits. Afin de mettre sous contrôle l’islam, d’empêcher sa mobilisation dans le champ politique et de limiter son influence dans le champ social voire culturel, le Parti a fait appel au fil des années à des éventails de stratégies visant à instaurer un contrôle de plus en plus large sur les représentations. Avec la dérive sécuritaire que connaît le pays depuis une dizaine d’années, un nouveau cap a été franchi. Désormais, l’islam et sa simple pratique au Xinjiang sont de plus en plus associés à des dérives extrémistes devant être traitées par une politique de rééducation destinée à aligner drastiquement les représentations des musulmans sur celles d’un Parti exigeant une adhésion totale à son modèle de modernisation sinisateur.
15h15 : Un enseignant français à l’Académie taoïste du Mont Tiantai : observations et notes de terrain, Johan Rols (GSRL)
Faisant suite à une expérience d’enseignement en 2017 à l’Académie taoïste du Zhejiang en tant qu’employé du Bureau des affaires religieuses et des minorités (Minzongju 民宗局) de la préfecture de Tiantai 天台, cette communication portera sur une présentation de ces deux organismes, des ambitions du grand maître taoïste qui a créé l’Académie et de quelques questionnements liés à ma recherche personnelle (gestion des déchets et développement du tourisme dans la montagne).
Pause
16h : Evolution de la politique religieuse au Tibet depuis 2012, Katia Buffetrille (EPHE)
Avec l’arrivée de Xi Jinping au pouvoir en 2012, les politiques religieuses appliquées par le gouvernement central au Tibet ont connu un durcissement considérable. La pandémie qui a entraîné une fermeture totale du pays n’a fait qu’aggraver la situation. Cela se traduit, entre autres, par la destruction de statues, l’interdiction de groupes religieux des réseaux sociaux ou la suppression des drapeaux de prières. On constate, par ailleurs, la reprise des immolations (trois depuis le début de l’année), un phénomène que l’on n’avait plus observé depuis 2019.
16h30 : La régulation des religions en Chine (2018 – présent), Pan Junliang (Université de Paris Cité)
Sous le règne de Xi Jinping, le contrôle est resserré sur tout espace public, y compris les religions. Cette présentation s’intéresse aux récentes mesures de régulation des religions en Chine et tente d’analyser leurs objectifs, envergure et effets.
17h : Discussion finale