Jean Baubérot s’est entretenu avec Sixtine Chartier du magazine La Vie, à propos de la suppression prochaine de l’Observatoire de la laïcité. Annoncée par la ministre déléguée à la citoyenneté, bien que l’Observatoire soit un “organisme interministériel attaché aux services du Premier ministre”, ne dépendant donc pas du cabinet de Marlène Schiappa (qui se soucie encore des règles?), cette suppression doit laisser place, dans un flou artistique qui caractérise bien l’action gouvernementale, à une nouvelle structure. Sera-t-elle élaborée avec autant de minutie que les différentes propositions de loi qu’on pu présenter les membres de l’équipe présidentielle tout au long du mandat macronien, avec le succès qu’on connaît? Cette annonce est-elle un énième appel du pied d’un président qui désespère d’avoir un certain électorat dans son camp pour les prochaines présidentielles?
En mettant les débats actuels à la lumière de ceux de 1905, Jean Baubérot propose des pistes qui permettraient de sortir des effets de manche et des déclarations clivantes (et souvent très mal informées) qui fleurissent. Il rappelle que certaines polémiques sont très semblables, les débats actuels concernant l’interdiction des vêtements religieux, associés au voile, faisant écho à ceux de 1905, associés aux soutanes des prêtres catholiques, bien inoffensives de nos jours.
Il pointe le travail effectué par l’Observatoire avec l’Armée française, qu’on peut difficilement qualifier de séparatiste, et la documentation mise en place à cette occasion, qui aurait pu être utilisée dans de nombreux lieux de radicalisation, notamment les prisons, si le gouvernement avait daigné en tenir compte. La conclusion est une nouvelle fois sans appel : “le gouvernement cède à la pression des défenseurs d’une laïcité autoritaire”. Ceux qui sous prétexte de liberté souhaitent interdire et censurer.
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