L’Association française des anthropologues
Séminaire annuel
« ANTHROPOLOGIE, PSYCHANALYSE ET POLITIQUE. REGARDS SUR LES TERRAINS
Maison SUGER
En partenariat avec le CRPMS et le DiSSGeA
Le programme de l’année 2020-2021 porte sur la thématique :
Détresses globales :
politiques et productions de subjectivités
Séance du jeudi 1er juillet 2021
de 11h à 13h
La grande confusion : dérèglements idéologiques dans les espaces publics en France aujourd’hui
par Philippe Corcuff
Séance en ligne, à suivre sur le lien suivant :
https://unipd.zoom.us/j/82234261783
Dans son livre La grande confusion. Comment l’extrême droite gagne la bataille des idées (Paris, éditions Textuel, collection « Petite encyclopédie critique », mars 2021, 672 pages), Philippe Corcuff :
. dessine un nouveau cadre épistémologique : une théorie politique critique à indices empiriques, au croisement des sciences sociales et de la philosophie politique ;
. étudie des intersections et des interactions entre trois « formations discursives » (Michel Foucault) en développement depuis le milieu des années 2000 :
– l’ultraconservatisme : des mélanges idéologiques associant plus ou moins xénophobies (dont l’islamophobie et/ou l’antisémitisme), sexisme et homophobie dans un cadre nationaliste fantasmant « une peuple » homogène culturellement ;
– le confusionnisme : le développement d’interférences entre des postures (comme la critique du « politiquement correct » ou les schémas complotistes) et des thèmes (valorisation du national et dévalorisation du mondial et de l’européen, dénonciation amalgamant la dynamique de droits individuels portée par le libéralisme politique et la domination du marché propre au néolibéralisme économique, effritement de la frontière symbolique avec l’extrême droite, etc.) d’extrême droite, de droite, de gauche modérée ou de gauche radicale, dans un contexte de fort recul du clivage gauche/droite né au cours de la Révolution française et qui a dominé la lecture de la politique au XXe siècle ;
– et l’identitarisme : la réduction des personnes et des groupes à une identité principale, homogène et fermée, par exemple une identité nationale ou une identité religieuse, sous l’angle d’une identité positive valorisée ou d’une identité négative dénoncée.
Philippe Corcuff est maître de conférences HDR de science politique à l’Institut d’Etudes politiques de Lyon et membre du laboratoire CERLIS (Centre de Recherche sur les Liens Sociaux, UMR 8070 du CNRS, Université de Paris et Université Sorbonne Nouvelle). Sa thèse de doctorat, dirigée par l’anthropologue Gérard Althabe à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales et soutenue en décembre 1991, portait sur l’ethnographie d’un syndicat local de cheminots. Il a commencé son parcours de recherche entre la sociologie critique de Pierre Bourdieu et la sociologie pragmatique de Luc Boltanski et Laurent Thévenot, en explorant les terrains du syndicalisme et de l’action publique. Puis il s’est orienté vers le domaine des sociologies de l’individu et de l’individualisme. Un dialogue s’est noué progressivement avec la philosophie politique, puis avec les cultures populaires de masse (cinéma, roman noir, chansons et séries TV). Aujourd’hui, il s’intéresse aux avenirs possibles de l’émancipation sociale, dans ses dimensions individuelles et collectives, dans les dérèglements idéologiques qui l’obscurcissent (étudiés dans La grande confusion) comme dans l’exploration de reformulations théoriques, notamment à travers les cheminements de l’ouverture de l’être dans l’œuvre philosophique d’Emmanuel Levinas (voir notamment « Levinas-Abensour contre Spinoza-Lordon. Ressources libertaires pour s’émanciper des pensées de l’identité en contexte ultra-conservateur », Réfractions. Recherches et expressions anarchistes, n° 39, automne 2017, https://refractions.plusloin.org/IMG/pdf/refr39_07_levinasetc_comp.pdf). philippe.corcuff@sciencespo-lyon.fr
Séminaire mensuel organisé par :
Olivier Douville, psychanalyste, Laboratoire CRPMS Université Paris 7, douvilleolivier@noos.fr
Fatiha Kaouès, sociologue et anthropologue, chargée de recherche CNRS, laboratoire GSRL, fatiha.kaoues@cnrs.fr
Nicole Khouri, sociologue, IMAF khouri.n@wanadoo.fr
Julie Peghini, anthropologue, Maître de conférences en sciences de l’information et de la communication à l’Université Paris 8, Laboratoire CEMTI, julie.peghini@univ-paris8.fr
Monique Selim, anthropologue, directrice de recherche émérite à l’IRD CESSMA monique.selim@ird.fr
Ferdinando Fava, anthropologue, professeur à l’Université de Padoue, Laboratoire LAA UMR 7218 LAVUE, ferdinando.fava@unipd.it
Maison Suger
Centre international de recherche, d’accueil et de coopération pour chercheurs étrangers de haut niveau de la Fondation MSH
Située dans le Quartier Latin, centre historique de Paris, la Maison Suger a été créée en 1990 par la Fondation Maison des Sciences de l’Homme afin d’offrir aux chercheurs étrangers en sciences humaines et sociales devant séjourner à Paris – pendant des durées prolongées, dans le cadre de collaborations avec des équipes et des chercheurs français et étrangers – un environnement de travail et de vie adapté à leurs besoins. Elle a également pour mission de favoriser les échanges entre chercheurs de toutes disciplines et nationalités, afin de susciter et révéler de nouvelles perspectives et de nouveaux projets ou programmes de coopération scientifique.
La FMSH prend en charge environ un tiers des coûts de fonctionnement globaux de la Maison Suger afin de permettre d’optimiser l’accueil de tous les chercheurs étrangers qui séjournent dans cette institution.
La Maison Suger est animée par une équipe assurant l’accueil et le soutien scientifique des chercheurs invités.