Atelier international, Université du Maine, novembre 2016
Ce projet de workshop international a pour ambition de réunir chercheurs et chercheuses en histoire, civilisation, philosophie, sociologie et anthropologie pour revenir sur les liens qui, aux XIXe et XXe siècles, ont pu se tisser entre missionnaires et scientifiques, et de manière plus large, entre missions et sciences.
Ces deux termes ont longtemps été considérés comme antinomiques dans la missiologie comme dans l’histoire des sciences dures ou des sciences humaines : suspectés de ne lire l’homme et son environnement naturel qu’avec des « lunettes bibliques » qui fausseraient ainsi toute tentative d’analyse rigoureuse, les missionnaires chrétiens européens qui s’intéressèrent à l’anthropologie, l’ethnologie, la botanique ou la géologie contribuèrent pourtant, en tant qu’amateurs ou professionnels, à l’élargissement et aux développement de ces sciences de manière considérable. Peut-on faire bonne science si l’on affiche sa foi ? C’est au cœur de cette question que se créèrent les tensions et les collaborations qui mirent face à face missionnaires et scientifiques aux XIXe et XXe siècles. Informateurs parfois au service de
scientifiques « en fauteuil », ou véritables théoriciens et praticiens des sciences naturelles et humaines, les missionnaires stationnés à l’étranger utilisèrent leur position privilégiée auprès des « indigènes » pour récolter des données, des artefacts et autres spécimens
particulièrement précieux pour les institutions scientifiques métropolitaines. Les collaborations entre scientifiques et missionnaires furent variées et nombreuses, en témoignent leur intégration aux réseaux scientifiques nationaux et internationaux de l’époque (sociétés, clubs), ou leurs publications au sein de ces mêmes réseaux (bulletin des sociétés scientifiques).
L’une des manifestations de cet engagement accru est sans aucun doute la part plus qu’active que prirent certains missionnaires français, britanniques ou suisses dans la collecte d’artefacts directement sur leurs terrains de mission, tâche facilitée par leur connaissance des
langues et dialectes locaux et leur proximité avec des indigènes qui pouvaient leur procurer facilement de quoi remplir des musées anthropologiques ou ethnographiques en Europe.
Ce workshop souhaite particulièrement s’attarder sur ces collaborations et ces allers-retours entre l’outremer et la métropole, qui n’ont pas encore été abordés par les chercheurs en missiologie, en histoire des institutions scientifiques ou en muséographie. Autre pan du workshop qui fait écho à cet intérêt pour l’autre et l’ailleurs, la participation des missionnaires à la collecte d’éléments matériels ou immatériels concernant leurs régions d’origine : souvent purs produits de terroirs qu’ils vinrent à considérer avec un recul tout scientifique, les missionnaires profitèrent parfois de leur période d’invalidité, de congés ou de retrait du terrain de mission pour exercer leur œil entraîné sur les groupes sociaux et ethniques dont ils étaient eux-mêmes issus. Cette pratique correspond là aussi à l’émergence, en Europe, du folklorisme, qui emprunta beaucoup aux méthodologies des jeunes sciences de l’anthropologie et de l’ethnologie.
Les intervenants pourront ainsi communiquer sur les thèmes suivants (liste non exhaustive) :
- Missions et sciences naturelles
- Missions et sciences de l’homme
- Missions et musées métropolitains et coloniaux
- Missions et folklorismes européens
- Collaborations entre missionnaires et institutions scientifiques ou muséales
- Missions et réseaux scientifiques amateurs et professionnels
- Histoire des missions et histoire des sciences
Les chercheurs et chercheuses intéressé-e-s peuvent envoyer leur proposition (300-500 mots, en anglais ou en français) ainsi qu’une petite biographie avant le 15 septembre 2016 aux personnes suivantes : Maud Michaud, Serge Reubi, et Vincent Vilmain.