Rire et religions
Appel à communications pour le colloque annuel de l’AFSR en partenariat avec l’Institut Européen Emmanuel Levinas, qui se tiendra les lundi 2 et mardi 3 février 2015, à l’IRESCO, 59-61 rue Pouchet, 75 849 Paris et à l’Institut Européen Emmanuel Levinas, 6 bis rue Michel Ange 75 016 Paris. organisateurs: -* Frédéric Gugelot (Univ. de Reims/CEIFR) -* Paul Zawadzki (Univ. Paris1/GSRL)
argumentaire Depuis quelques années, les usages du rire font l’objet d’analyses renouvelées qu’il s’agisse des historiens ou des philosophes, des anthropologues, des ethnologues ou par exemple des critiques littéraires. Tout se passe comme si son expérience, ses formes aussi bien que ses fonctions se trouvaient aujourd’hui réinterrogées. Cette multiplication des textes universitaires est souvent concomitante avec une actualité à forte charge émotionnelle et polémique, qu’il suffise de nommer l’affaire des « caricatures de Mahomet » ou encore les spectacles récents de Dieudonné. Mais au-delà de l’immédiateté, la question du rire engage probablement le travail d’une société sur elle-même, ouvrant des perspectives historiques et anthropologiques plus profondes. D’ailleurs, les textes sur le rire jalonnent la modernité européenne, songeons ne serait ce qu’à Shaftesbury, Hutcheson, Baudelaire, Freud, Bergson, Jankelevitch, Berl, Kolakowski et tant d’autres. Dès les XVIIe-XVIIIe siècles, s’élaborent des oppositions (rire/fanatisme…) ou des distinctions entre différents types de rire (raillerie agressive/joyeuse hilarité…). Ce colloque de l’AFSR noué autour du thème « Rire et religion » se donne pour ambition de jeter un pont entre les analyses classiques et les tentatives récentes visant à cerner les enjeux politiques et moraux du rire dans les sociétés contemporaines. Sans doute insiste-t- on beaucoup aujourd’hui sur le rire critique, « dérangeant » et libérateur ou sur un rire « désacralisant ». En contrepoint, Hobbes nous rappelle pourtant aussi le rire de « supériorité ». Il est des rires de subversion mais aussi des rires de la domination. Ainsi dans les controverses religieuses, le rire est aussi une arme. Plus largement, dans son ambivalence, le rire semble entretenir un lien avec la violence qu’il s’agisse de la domestiquer ou de l’exercer. Il est une arme contre le pouvoir, mais parfois aussi une arme du pouvoir. Le titre « rire et religions » ne doit pas faire oublier la surcharge sémantique pesant sur le mot « rire ». Les auteurs des communications seront immanquablement confrontés à la nécessaire problématisation du lien entre le rire et l’humour, le comique, et plus lointainement sans doute l’ironie ou encore l’enthousiasme, deux notions problématisées de manière contrastée par les Lumières en même temps que celle d’humour. Parmi les thèmes que l’AFSR aimerait aborder à l’occasion de ce colloque, signalons de manière non exhaustive : -* Rire et modernité religieuse ; rire et distance réflexive. -* Rire et transgression ; rire et morale ; sacrilège, blasphème, tabous etc. -* Rire et violence ; rire et persécution ; rire et controverse -* Le rire dans les pratiques, cultes, rites religieux, rire et possession Les propositions d’environ 2500 signes sont à envoyer avant la fin d’octobre 2014 à l’une des adresses ci-dessous : Frédéric Gugelot (Univ. de Reims/CEIFR): frederic.gugelot@univ-reims.fr Paul Zawadzki (Univ. Paris1/GSRL): paul.zawadzki@orange.fr